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Théorie allemande et pratique française de la liberté

Futur antérieur

n° 22, p. 175, février 1994




Le livre [1] de Solange Mercier-Josa est une confrontation minutieuse et systématique des positions de Hegel, Feuerbach, Arnold Ruge et du jeune Marx sur l’État, la politique et la démocratie. L’auteur s’arrête en particulier sur les positions d’Arnold Ruge pour montrer tout l’intérêt qu’on peut attacher au texte de ce dernier Une autocritique du libéralisme. Ruge est un critique des inconséquences du libéralisme allemand des années quarante, du dix-neuvième siècle et de sa conscience politique marquée par le protestantisme (l’intériorité). La véritable conscience politique selon Ruge est une conscience démocrate, qui est la manifestation d’êtres politiques autonomes qui se donnent à eux-mêmes leur propre liberté. La politique doit devenir l’affaire du peuple et se débarrasser de l’illusion religieuse par une véritable sécularisation de la religion qui permette en même temps de préserver la force de la passion religieuse. Ruge est en même temps un critique de la plèbe, malgré son démocratisme, et la dimension sociale est chez lui largement occultée par l’idée de réforme de la conscience, par l’intervention philosophique. La critique marxienne va s’attaquer à ces inconséquences d’un libéralisme qui se voulait pourtant conséquent.

Du très beau travail qui fait regretter qu’en France on ne connaisse pas mieux la gauche hégélienne. (J. M. V.)





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(1934-2004)




[1Solange Mercier-Josa, Théorie allemande et pratique française de la liberté, Paris, L’Harmattan.