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Les socialistes allemands à court d’idées

Le Monde diplomatique

p. 24, juillet 1994




En Allemagne, les élections législatives du 16 octobre 1994 se présentent d’une manière très différente de celles d’octobre 1990, placées sous le signe de l’unification du pays après l’effondrement de la République démocratique allemande (RDA). A l’euphorie des années 1990-1991 ont, en effet, succédé déception et scepticisme, tant dans l’ouest que dans l’est du pays.

L’unification économique s’est révélée beaucoup plus coûteuse que la coalition chrétienne-démocrate-libérale au pouvoir n’avait bien voulu le dire. Aussi, le gouvernement dut fortement augmenter les impôts et se trouva impuissant face à une forte récession, commencée en 1993 et qui, selon les instituts économiques, devrait, au mieux, s’achever au second semestre de 1994, même si certains prévoient une faible croissance de l’ordre de 1% à 1,5% pour l’année. Mais une croissance sans véritable création d’emplois, dans un pays où le nombre des chômeurs a progressé d’un million depuis le printemps 1992 pour atteindre, officiellement, quatre millions, auxquels il faut ajouter deux autres millions de personnes en stages divers ou tout simplement rayées des statistiques.

Dans cette conjoncture, on s’attendait à voir le Parti social-démocrate (SPD) profiter largement des difficultés de la Démocratie chrétienne (CDU) et de sa branche bavaroise, la CSU. Or, lors des élections européennes du 12 juin, seuls 34% des électeurs lui ont accordé leurs suffrages, alors que la coalition conservatrice CDU-CSU en recueillait plus de 38%. Piètre consolation : les libéraux (FDP) du ministre des affaires étrangères, M. Klaus Kinkel, obtiennent moins de 5% ­ comme d’ailleurs, à l’extrême-droite, les Républicains ­ et ne seront donc pas représentés à Strasbourg, ce qui, si la situation devait se répéter en octobre, priverait M. Helmut Kohl d’un partenaire indispensable à son maintien au pouvoir. Ces mêmes libéraux avaient, en mai dernier, assuré l’élection à la présidence de la République du candidat du chancelier, M. Roman Herzog, qui a remplacé, le 1er juillet, M. Richard von (...)





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(1934-2004)